La dernière édition de 2017 ! See you in 2018 :)

Le parc national d'Akagera

Il y a deux semaines, on est partis avec ma colloc et deux potes du Inema Arts Center pour un week-end au parc national d'Akagera. Un voyage assez épique du début jusqu'à la fin.

On était censés partir samedi à 6h du matin, pour pouvoir être là avant 10h : les garçons étaient assez insistants là dessus, il faut vraiment arriver tôt, sinon les animaux sont cachés.

Du coup, avec Lisa on s'est réveillées à 5h du matin et on était fin prêtes à 5h45 (vous devinez nos types de personnalité ? :)).

Et là, premier message de Kenneth me disant que… René sera en retard et arrivera plutôt vers 7h. Première moue de Lisa, qui n'est vraiment pas du matin et qui commence à être légèrement énervée. Pour essayer de sauver la situation, je dis à Kenneth d'essayer d'arriver à l'heure, pour qu'on puisse aller chercher de l'essence et retirer de l'argent en attendant René. Kenneth me fait “Très bonne idée, j'arrive !”

Qu'est-ce qui s'est passé, à votre avis… ? :)

Pour vous la faire courte, j'ai eu le temps de faire toute une édition de ma newsletter, de finir des trucs que j'avais à faire pour le boulot, et de prendre mon petit déj tranquillement, avant qu'ils ne se ramènent à 8h15, en mode “on voit pas où est le problème”. Ils nous ont avoués par la suite qu'ils se sont tous les deux réveillés à 5h45 donc il n'y avait vraiment aucun chance pour qu'ils puissent être là à 6h. Je commence à être habituée aux retards de la part des clients mais c'était une première pour des potes et pour ce genre de voyage et j'avoue que ça m'a fait bizarre… mais bon j'imagine que ce n'est pas la dernière :)

Bref, à part cette petite histoire avec laquelle on n'arrête pas de les chambrer, c'était vraiment un week-end chouette.

Juste après avoir passé la porte du parc, nous avons eu droit à un bel comité d'accueil - un troupeau d'éléphants qui buvait de l'eau dans un lac vraiment tout près de notre voiture (parfois un peu trop près).

Ensuite nous avons pris un guide qui nous a montré plein d'autres animaux - des giraffes, des zèbres, des impalas, toutes sortes de singes, des bisons et j'en oublie. J'avais déjà fait du safari au Sri Lanka, mais c'était ma première fois en Afrique et j'avoue que j'ai vraiment adoré - en plus le parc en soi est vraiment magnifique - je vous laisse en juger par vous-mêmes!

On était très chanceux parce qu'on a pu dormir pour pas cher dans un des lodges dans le parc, où les prix normaux pour muzungu sont de… 200$ par personne. C'est la seule possibilité d'hébergement à part le camping (et je vous avoue, on n'était pas très chauds). Mais visiblement, tout marche par connaissances ici au Rwanda et du coup Kenneth a pu nous avoir un deal pour moitié prix… autant vous dire qu'on en a bien profité! On a bien mangé, bien dormi et on s'est réveillés le matin pour apercevoir par la fenêtre de notre tente une maman singe avec son petit… et ça, ça n'a pas de prix :)

Ruzizi tented lodge

La vue sur le lac Ihema, le deuxième plus grand du Rwanda

Notre "tente"

La maman singe avec son petit le matin au réveil à côté de la tente

La joie de Kenneth quand il a découvert qu'un de ses tableaux est affiché au lodge

Sinon le temps à Akagera vaut bien un chapitre à part, surtout le deuxième jour. Le matin j'hésitais à mettre un short tellement il faisait chaud (mais on me l'a interdit pour pas que je me fasse manger par les mouches tsé tsé) et quelques heures après, c'était presque l'apocalypse : le brouillard, le vent et la pluie… je crois que ces changements brusques n'arrêteront jamais de me surprendre.

Le matin...

Avant la tempête

L'après-midi

Le soir

Et on était assez contents que notre voiture ne soit pas restée bloquée quelque part pendant la tempête parce qu'on n'avait pas de réseau, presque plus d'essence et qu'il n'y a pas vraiment de système de sauvetage dans le parc. Si vous êtes coincé quelque part, aucune chance pour que quelqu'un vienne vous chercher. Du coup on a fait notre bonne action de la journée et on a aidé un groupe d'Hollandais (eux pas méga sympas) à les sortir du fossé dans lequel ils se sont encastrés. (Ici, je tiens à préciser que sans nous ils y seraient encore… parce que non, évidemment que ça n'aide pas de mettre des branches sous la roue pour qu'elle puisse avoir une prise, c'est bien connu :)).

Je me demande quand même comment ils ont fait pour en arriver là

Et une petite photo de groupe… :)

Notre belle équipe : moi, Kenneth, Lisa et René

Mini Book Fair Kigali

Est-ce que vous saviez que Kigali était un endroit très vivant avec beaucoup d'événements business et culturels, d'expo, de concerts et autres ? Non ? Ok, c'est pas tout à fait ça, mais de temps en temps il se passe quand même des choses. Et comme il n'y en a pas beaucoup, on a en fait le temps d'y aller!

Donc cette semaine je suis allée au salon des livres organisé par la Redsea Cultural Foundation et Impact Hub, qui a eu lieu au Café Neo (un rooftop conçu entre autres par Kenneth, qui est architecte en plus d'être peintre).

Café Neo

C'était en fait un salon régional regroupant d'autres pays africains (Malawi, Ethiopie, Congo, Tanzanie, Sénégal, Nigéria et j'en oublie) et du coup il y avait pas mal d'étrangers, ce qui permettait d'avoir des discussions plus intéressantes.

Remarquez la jolie affiche derrière l'intervenant!

J'étais particulièrement intéressée par le panel “Challenges and opportunities in publishing in Rwanda” avec Fiston Mudacumura (que vous connaissez déjà) et Malika, la responsable relations externes d'ImagineWe, qui est une maison d'édition assez connue à Kigali. Les deux font des livres pour enfants, j'ai donc pris leurs contacts pour voir si et comment on pourrait travailler ensemble.

Fiston et Malika

Parce que oui, si vous ne l'avez pas encore compris, je compte rester au Rwanda l'année prochaine et lancer Contes de l'éléphant ici :) J'étais donc assez contente d'avoir participé au salon, j'ai eu plein de contacts et beaucoup de gens étaient intéressés par mes livres personnalisés (et vu comment la communication avec eux se déroule jusque là, je pense que j'aurai plein d'anecdotes à vous raconter sur comment je fais du business en Afrique :))

Les livres de Mudacumura éditions

Un week-end à Kigali

Lisa, ma colloc et ma collègue mentor à Inkomoko, rentre malheureusement bientôt aux Etats-Unis. Pour son dernier week-end à Kigali elle avait envie de découvrir tous les endroits touristiques qu'on n'a pas encore faits, et je l'ai donc accompagnée un peu partout :

* Prendre un brunch à Heaven

Heaven est un café/ hôtel assez sympa fondé par un couple d'Américains qui ont écrit un bouquin sur leur histoire - comment ils sont arrivés au Rwanda, sont tombés amoureux du pays, ont décidé d'aider les pauvres africains à fonder un bon restaurant… j'exagère un peu mais leur histoire me paraît très “comment un couple blanc bien intentionné est arrivé en Afrique”. Et je ne sais pas trop si c'est une réussite vu que René me disait “only my muzungu friends like to come here” - et il faut bien dire qu'il n'y a que des blancs ici. Bref, vous imaginez bien que je n'ai pas vraiment apprécié l'histoire, mais j'ai bien aimé l'architecture et la décoration de l'endroit (il y a plein de tableaux !).

Heaven et les multiples tableaux

Heaven et leur arbre de Noël fait d'une construction en bois

J'ai adoré cette peinture d'éléphant!

* Aller voir l'hôtel Milles Collines

Vous avez vu le film Hôtel Rwanda? C'est de cet hôtel-là qu'il est question dans le film. C'est l'hôtel qui a servi d'abri à de nombreux Tutsis pendant le génocide du 1994 - c'était un des rares endroits de Kigali où ils pouvaient être en relative sécurité. Aujourd'hui, l'hôtel a une apparence paisible, calme, tout à fait ordinaire. C'est assez bizarre d'imaginer ce qui s'est passé ici, de savoir que les gens s'entassaient dans les chambres et dans les couloirs, buvaient de l'eau de la piscine pour survivre, et craignaient tous les jours pour leur vie… Je n'ai toujours pas trouvé le courage de regarder le film mais je suis en train de lire un livre au nom évocateur “We wish to announce you that tomorrow we will be killed with our families” qui explique de manière assez détaillée ce qui s'est passé. Et c'est déjà beaucoup pour moi…

Un endroit paisible aujourd'hui...

* Visiter le musée du génocide de Kigali

Mais bien sûr, on ne pouvait pas en rester là. Le passage obligé de chaque touriste à Kigali est le musée du génocide. Cela faisait deux mois que je me préparais à y aller. Mais je ne pense pas qu'on puisse être réellement préparé à ce qu'on va voir et entendre, notamment dans la partie où on peut voir les photos des enfants tués (parfois tout tout tout petits), lire leurs dernières paroles, savoir quels étaient leurs jouets et plats préférés…

J'ai visité le musée de la Shoah en Israël, j'ai lu de nombreux livres sur l'holocauste, mais j'avoue que le génocide rwandais me semble beaucoup plus présent, beaucoup plus cruel, beaucoup plus incompréhensible. Peut-être parce que je vois les gens autour de moi vivre heureux aujourd'hui, sans aucune trace de ségrégation raciale ou ethnique (je ne sais absolument pas qui d'entre mes amis est Tutsi et qui est Hutu) et que je n'arrive pas à comprendre ce qui a pu se passer il y a 20 ans. Comment certains ont pu tuer leurs voisins, leurs amis, parfois des membres de leur propre famille… je crois que pour moi, l'incompréhension autour de ce génocide réside dans le fait qu'il n'était pas industrialisé et déshumanisé - comme la Shoah -, mais au contraire très personnel, puisque la majorité des bourreaux connaissaient très bien leurs victimes.

Je ne vais pas m'épancher plus là-dessus mais je voudrais ajouter une dernière chose : je suis très impressionnée par la manière dont le pays a géré l'après-génocide et par le chemin parcouru. Aujourd'hui, la vie à Kigali est bouillonnante, joyeuse et insouciante. Les traces du passé sont là mais il faut bien les chercher et je crois que c'est là un des miracles de ce pays et de ce peuple : d'avoir traversé l'enfer et d'en être ressortis plus forts, plus unis, et plus déterminés que jamais à aller chercher le bonheur et la prospérité.

* Visiter un milk bar

Je ne crois pas en avoir déjà parlé mais le lait, c'est comme on dit un “big deal” ici. Quasiment tous les Rwandais boivent du lait, et non pas dans de petits verres comme des Occidentaux, mais dans de gros pots de 0,5 ou 1 litre. C'est la boisson nationale (enfin après la bière). Ce week-end, alors qu'on faisait notre tour touristique de Kigali, le guide nous a amenées dans un milk bar, où on était obligées de goûter du lait frais et de l'ikivuguto (qui est une sorte de lait fermenté). Mon intolérance au lactose et moi-même étions très heureuses de l'expérience.

Hmmm, le bon lait !

* Voir le Mount Kigali

Mount Kigali est une montagne assez haute, étant donné qu'elle est en plein centre ville : 1 852 m d'altitude (ce qui est plus que la plus haute montagne de la République tchèque qui fait 1 603 m… les Rwandais ici me chambrent souvent “tu es sûre que c'est de vraies montagnes chez vous?”). Ce qui est assez marrant c'est que c'est en fait une mini forêt, en plein centre ville donc, avec des singes et d'autres animaux se promenant en liberté.

Et il paraît qu'il y a une belle vue sur la ville mais malheureusement quand nous y étions, il faisait gris…

Vue du mount Kigali

* Visiter un tea house, prendre un taxi bateau, goûter à la bière de banane, aller au marché et goûter le “tree tomato” (qui s'appelle apparemment tamarillo en français) : on a fait plein plein d'activités touristiques qu'on ne fait pas d'habitude, dans des parties de la ville qu'on ne visite pas souvent. Il faut dire qu'on vit un peu dans notre petite bulle à Kacyiru qui, à vrai dire, ne ressemble même pas vraiment à l'image qu'on se fait de l'Afrique… du coup c'était cool d'en sortir un peu !