Gisenyi.... beautiful Gisenyi
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Alors ce mois-ci, enfin, après maintes négociations et après avoir décalé 2 ou 3 fois, on est enfin partis en week-end à Gisenyi. C'était top, malgré la saison de pluie, et malgré le fait qu'il n'y a rien à faire à Gisenyi, à part manger, dormir et se baigner (ce qui est déjà un joli programme, je sais je sais).
On était hébergés dans une maison… en bambou. Ben oui le bambou c'est une bonne option quand on veut éviter la tente et qu'on s'aperçoit que les hôtels à Gisenyi coûtent 100 eur la nuit. Mais folklorique, la maison en bambou, non? :)
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La porte derrière ce sont des toilettes... sèches. Ils sont écolo à Inzu lodge :)
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Mais pas très bien insonorisée, ce qui fait que je me réveillais systématiquement vers 5h, quand j'entendais l'appel pour la prière depuis la mosquée (oui il n'y pas que les chrétiens au Rwanda) et ensuite vers 6h quand j'entendais des gens chanter des chants rythmiques mais assez répétitifs pendant une bonne vingtaine de minutes (dont Kenneth m'a dit que c'était probablement des soldats :D).
Mais tout ça c'est vite oublié quand on a cette vue-là au réveil :)
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Et surtout ce coucher de soleil (ça n'existe pas normalement au Rwanda!)
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Je veux dire de beaux couchers de soleil avec des couleurs et tout ça
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Sinon on nous a dit d'aller vois les sources chaudes de Gisenyi, si on voulait faire autre chose que manger et dormir. Vu comment les gens nous le vendaient, je m'attendais à un truc grandiose à la islandaise, mais en fait c'était une pauvre petite source qui valait même pas la peine d'être prise en photo. Rien de très intéressant à part une belle observation sociologique des Rwandais qui essayaient de soutirer de l'argent aux touristes (même à Kenneth, pas qu'à des blancs !).
Mais après, on a découvert un joli petit restau suspendu au-dessus de la plage (Kenneth m'a dit que c'est la première fois qu'il voit un truc suspendu au Rwanda :)) et où on a mangé un super poulet aux mangues (je vous ai déjà dit que parfois, la nourriture ici, c'est pas du top niveau? Parfois j'en ai tellement marre des lunch buffets à la rwandaise que même Cojean me manque)
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Ca se voit pas trop, mais c'était vraiment suspendu
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Sur le chemin du retour, on s'est arrêtés pour admirer les superbes collines rwandaises et distribuer de la brioche aux enfants qui paissaient des chèvres. Je n'ai jamais vu une telle bataille pour une brioche… heureusement qu'il y avait un grand sympa qui a fini par distribuer aux autres. Et après coup, quand ils se sont à nouveau agglutinés autour de la voiture, et que je leur ai dit “mais j'ai plus rien”, il m'a même répondu “ce n'est pas grave c'était déjà assez”, ce que j'ai trouvé plutôt inhabituel :)
Enfin, ce sont des visages du Rwanda que je ne vois pas trop dans mon quartier à Kigali…
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Le truc en sinusoide au fond, c'est une rivière !
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Enfin plutôt un fleuve qui rejoint le Nil :)
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Les enfants en superbe contre jour...
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Je vous mets d'autres photos pêle-mêle !
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Les barques des pêcheurs... la pêche est l'activité principale à Gisenyi
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Un univers un peu kafkaïen
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Alors je vous disais dans un de mes premiers newsletters que c'était facile de créer une entreprise ici.
Facile… oui, la création l'est, mais dès que vous voulez modifier quelque chose, payer les impôts, voire employer des gens, ça devient toute une histoire.
Par exemple, moi je voulais rajouter une activité à mon entreprise, et modifier le capital. J'ai pensé que ça serait simple, que je n'avais qu'à aller tôt le matin au Rwanda Development Board (RDB) et que ça serait fait en quelques minutes. Eh bien… j'y ai passé la matinée…
D'abord, je suis allée expliquer ce que je voulais au RDB. Ils m'ont dit non non, il faut d'abord que tu fasses une lettre. Ok, c'est pas illogique, pourquoi pas. Je fais donc la lettre, j'imprime, je signe. “Non non, il faut que tu la fasses confirmer par un notaire”. Ok, le notaire est dans le même bâtiment, ça devrait aller vite !
“Mais non, avant d'aller chez le notaire, il faut que tu ailles générer un ticket de paiement à Irembo (une sorte de portail en ligne pour payer tout et n'importe quoi. Ils ont aussi un petit stand au RDB). Pas compris pourquoi je ne peux pas payer chez le notaire, mais je fais la queue d'une demi heure auprès du mec avec son petit stand, juste pour recevoir un sms de confirmation. Ok, je me dis, avec ça je peux payer chez le notaire. Le notaire me certifie la lettre, je retourne au RDB (j'ai rien payé). Et RDB me dit mais non, il faut aller payer à la banque, franchement t'as rien compris ! Ah ok… heureusement que la banque est dans le même bâtiment aussi, vous avez vraiment monté une belle combine, les mecs ! Allez, une petite queue de 20 minutes à la banque, retour au RDB, où une employée fait les modifications pour moi, fait des photocopies de mes documents… et puis enfin "c'est bon, dans 6 heures ça sera pris en compte !” Sauf que… 15 jours après, ce n'est toujours pas bon, ça fait deux fois qu'ils me retournent le document pour “correction” et que je ne comprends pas pourquoi. Heureusement, Kenneth a un ami qui a un ami au RDB qui m'a aidé (est-ce que j'ai déjà mentionné que les relations c'était très utile ici ?) Il n'a pas compris non plus où était le problème mais a convaincu les mecs que c'était bon, donc j'ai enfin mon certificat mis à jour. Enfin ! Le total d'heures passées à résoudre cette simple tâche administrative se situe autour de 10.
Je ne résiste pas au plaisir de vous faire la liste des choses à faire si vous voulez embaucher quelqu'un (perso, j'ai pas encore eu le courage de m'y attaquer) :
1) Obtenir un document certifiant qu'on n'a pas d'employés auprès de l'inspecteur du travail.
Pour l'obtenir, il faut apporter :
1) Un certificat prouvant qu'on paye des impôts (qu'on demande en ligne mais qu'on doit payer via Irembo, donc à la banque en se déplaçant)
2) Certificat du RSSB (Rwanda Social Security Board, il faut bien sûr s'y déplacer)
3) Certificat du RDB (accessible en ligne)
4) Une lettre pour l'inspecteur du travail pour demander le certificat
5) La preuve du paiement pour le certificat de l'inspecteur : 1,50 eur à payer auprès d'Irembo (donc à la banque, donc au guichet, vous me suivez ?)
Ensuite, quand on obtient le certificat, il faut retourner au RSSB (ça commence à faire une boucle un peu, non ?) pour déclarer l'employé.
Pour ça, on a besoin :
1) D'apporter le certificat de l'inspecteur du travail
2) D'écrire une lettre au RSSB
3) De compléter un formulaire qui est censé être en ligne mais qui est introuvable…
… je continue ? :D
Morale de l'histoire : ne vous faites jamais avoir par les belles promesses concernant le “ease of doing business” et ayez beaucoup de contacts dans des endroits stratégiques :)
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La semaine de commémoration
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J'ai longtemps hésité à l'évoquer mais c'est une chose tellement particulière au Rwanda que je pense que ça mérite sa place ici, malgré tout… Donc : la semaine dernière était la semaine de commémoration du génocide.
C'est assez particulier et pour être honnête, je ne le vivais pas très bien.
Tout commence le 7 avril, le jour du début du génocide, où ont lieu les “genocide walks” partout dans le pays. Cela veut dire que des centaines de personnes marchent dans les villes, en général pour arriver à un endroit où un représentant officiel donnera un discours. A Kigali, ça promettait d'être tellement intense qu'on a dû partir pour Gisenyi à 6h30 du matin pour être sûrs de pouvoir sortir de la ville (et même Kenneth était à l'heure). Et on a vu quelques marches sur la route, comme celle-ci en arrivant vers Gisenyi :
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On voit le bout du cortège mais c'était comme ça sur plusieurs kilomètres
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Ensuite, toute la semaine, enfin tous les après-midi, ont lieu des “genocide talks”. Beaucoup d'entreprises ne font travailler leurs employés que le matin pour qu'ils puissent y aller. La plupart de ces conférences sont en kinyarwanda, mais je suis allée à une en anglais, organisée par la maison d'édition avec laquelle je travaille. C'était… particulier. En tant qu'étranger, on se sent un peu exclu, pas vraiment à sa place, on aimerait participer, on aimerait être solidaire un peu, mais on ne peut pas vraiment, c'est tellement immense qu'on ne peut pas juste dire “ah je sais de quoi tu parles, ça doit être dur”. Du coup on dit rien et on ne sait pas comment se comporter.
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Lors de notre talk, un artiste faisait un tableau en direct
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Sur fond noir pour représenter la mort et la tristesse, mais avec un sourire
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Et il y a aussi des affiches, partout. Et des chants. Les restaurants ne peuvent pas passer de la musique “normale” mais doivent mettre des chants de commémoration. Il y en a qui sont très beaux, même quand vous ne comprenez pas les paroles (parce que bien sûr, il n'y en a pas en anglais).
Cela dure une semaine en intense, mais la vraie période de commémoration se termine en juillet, après 100 jours, parce que le génocide a duré 100 jours… Et spécialement le premier mois, le mois d'avril, est un peu bizarre.
Perso, je suis tombée malade cette semaine-là. Et franchement, je crois que c'est un peu lié, que ça a provoqué des émotions dont je ne savais quoi faire. Ca aide d'en parler mais je crois qu'il me faudra un peu d'entraînement pour le vivre “sereinement”.
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24 ans depuis le génocide... et les affiches à personnaliser avec votre logo
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Pour finir sur une note plus positive...
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… et complètement changer de sujet, transition niveau zéro :
* je suis devenue une pro de bowling :) On en fait souvent avec des potes. Je vous partage mon meilleur score (oui je suis quand même la dernière, les mecs sont beaucoup trop forts !)
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* Je vais peut-être déménager ! On est en train de chercher une maison avec une amie hollandaise. Pas facile, il y a beaucoup d'escrocs, les prix sont pas non plus très bas, et on n'est pas très sûres qu'on peut se le permettre mais on a vu un “broker” aujourd'hui qui avait un T-shirt avec le drapeau hollandais et le drapeau tchèque, alors on s'est dit que c'était peut-être un signe. Je vous tiendrai au courant ! :)
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Gros bisous de Kigali !!!
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