L'autre chose qui m'a pas mal occupé pendant ce mois de novembre est mon boulot chez Karisimbi Business Partners, où j'ai donc commencé à temps plein.
Je vous disais la dernière fois que j'étais soulagée, parce que ça me faisait une rentrée d'argent régulière. Néanmoins, ça s'accompagne d'un changement de rythme et d'un stress que je n'avais pas prévu, notamment parce que Karisimbi compte beaucoup sur mon moi, parce que je suis plus ou moins la seule manager dans une équipe d'une dizaine de personnes.
Je n'avais pas prévu que cette situation allait me transporter en arrière et que j'allais devoir revivre toutes les émotions négatives que j'avais ressenties au moment où, sans que je le demande, on m'avait promue manager chez Capgemini. Je me souviens très bien pourquoi je ne voulais pas devenir manager - trop de responsabilités, on allait me demander de vendre des projets et je ne me sentais pas assez en phase avec les valeurs de la boîte pour pouvoir le faire, en plus ça allait me rendre beaucoup plus visible.
Mais on m'avait quand même promue, et je suis partie à peu près un an après, à moitié effondrée et en ayant le désagréable sentiment de ne pas avoir été à la hauteur. Et c'est donc ce sentiment qui m'a rattrapée ici, à des milliers de kilomètres de Paris, et je me suis rendue compte que je suis en train de développer un beau syndrome de l'imposteur.
Vous connaissez sans doute ce syndrome, qui est apparemment très répandu et qui consiste à penser qu'on n'a pas vraiment mérité ce qu'on a atteint sur le plan professionnel, que c'est le fruit des circonstances extérieures (la chance, des relations, des circonstances particulières, un travail acharné, etc) et que l'on ne tardera pas à être démasqué.
Dans mon cas, sous l'influence de ces émotions liées à mon dernier passage manager, j'étais sûre que l'histoire allait se répéter, qu'on allait enfin découvrir que je n'y comprenais rien à ce métier, que mes recommandations en tenaient pas debout parce que je n'y connaissais rien en business, que j'étais incapable de manager un projet, de gérer une équipe, de structurer un livrable, de gérer le client, etc, etc.
Je m'en voulais terriblement de ressentir ça, alors que la situation actuelle est très différente de celle d'il y a 3 ans. Il faut que vous compreniez qu'il n'y a pas de meilleur endroit pour moi d'être manager que chez Karisimbi, qui n'a absolument rien à voir avec Capgemini - c'est une boîte petite, avec un objectif social clairement porté, il n'y a pas d'hiérarchie très formelle, les gens sont ouverts et se font confiance, et il n'y a pas vraiment d'esprit de compétition.
Heureusement, au bout de trois semaines très désagréables, je me suis rendue compte que j'avais le droit de me sentir comme ça, mais surtout que j'avais le droit de ne pas être prisonnière de ce sentiment, et que je pouvais me comporter différemment cette fois-ci - et notamment demander de l'aide.
Et c'est un fait que j'ai besoin d'aide, malgré toute mon expérience et mon statut de manager - je ne sais pas comment structurer un plan stratégique à 5 ans pour un fournisseur d'accès internet rwandais, je ne sais pas comment correctement évaluer le marché de microfinance au Rwanda, je n'ai aucune idée de comment fonctionne le marché de gros de légumes ici (enfin ni ailleurs, en fait), je ne sais pas comment gérer une équipe composée des personnes qui n'ont pas eu de formation formelle en conseil. Mais tout ça n'est pas grave, parce que je peux demander de l'aide, sans que ça soit perçu comme un échec et sans que mon autorité de manager en soit sapée.
Bref, je ne vais pas m'éteindre plus sur ça, mais il me tenait à coeur de vous le partager, parce que je pense que c'est très fréquent : je pense que toute personne qui a une estime de soi pas très solide, qui est un peu perfectionniste et qui a l'habitude de se remettre en cause, ressent de temps en temps des émotions semblables.
Et donc, un petit conseil si vous êtes comme moi… n'ayez pas honte de sentir que vous ne méritez pas, mais ne restez surtout pas prisonnier de ce sentiment ! Sortez de votre tête (parce qu'en général ces choses-là sont dans votre tête), allez chercher de l'aide et arrêtez de penser que vous avez un devoir de tout savoir ! Les gens (bien intentionnés) sont en général assez compréhensifs et ravis de pouvoir aider.
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