Newsletter de pré-Noël 🎄



Je sais, je sais, ça fait longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles, mais c’est parce que j'étais très occupée ! Donc voici un petit résumé de ce qui s'est passé ce dernier mois :)

J'ai déménagé !
Oui, je vous disais déjà dans la dernière newsletter que j'ai déménagé, mais en fait, j'ai déménagé encore une fois ! Cette fois-ci avec Kenneth, et dans un appartement où on va enfin pouvoir rester un bout de temps.
Je ne m'attendais pas à bouger aussi vite, vu que je pouvais rester dans la grande maison d'Inkomoko jusqu'à décembre, mais Kenneth a décidé qu'il en avait marre d'habiter à Inema et surtout qu'il en avait marre de me voir visiter des colloc où on ne voulait pas de moi (la dernière en date étant une colloc où habite un de mes collègues - ce que je ne savais pas quand je suis allée visiter la maison - et qui m'a fait gentiment comprendre qu'il ne souhaitait pas cohabiter avec sa manager :)).
Donc bref, Kenneth a fait des recherches et a fini par trouver un appart deux pièces assez spacieux, meublé et dans le quartier qu'on voulait, à 10 minutes à pied de mon bureau et d'Inema. Je n'ai pas pu voir l'appart avant qu'il signe contrat, parce qu'on avait peur que le propriétaire nous mette un prix “muzungu” s'il voit que je suis blanche, donc je me suis entièrement fiée à son jugement et aux photos. J'avoue que c'était assez spécial comme sentiment (je suis quand même un peu control freak sur les bords) mais au final, je suis très contente, l'appart est top et je m'y sens bien. Si je passe les quelques trucs qui ne vont pas (genre la fuite sous l'évier, la porte du petit balcon qui ne s'ouvre plus, la douche qui n'est pas séparée du reste de la salle de bain et où donc l'eau se répand allègrement), il n'y a presque rien à faire :)
Mais voyez vous-mêmes sur les photos !
Le salon (j'ai pas choisi les couleurs des canapés mais je m'y habitue petit à petit :))
La cuisine avec le petit balcon où on ne peut plus accéder
Notre chambre
Et la chambre d'amis..
...avec salle de bain !
On a aussi un super cuisinier qui prépare de petits plats africains...
(Et avant que quelqu'un pose la question - oui, on a un cuisinier, car ici l'aide au domicile n'est vraiment pas très chère - elle est même scandaleusement bon marchée - et avec les horaires que je fais, j'ai moyennement envie de faire à manger quand je rentre, donc j'en profite. Je ne suis toujours pas complètement à l'aise avec les grandes inégalités sociales qu'on peut voir ici, et encore moins avec le fait qu'en vrai, si je dois être honnête, ça m'arrange, parce que je peux me permettre d'avoir quelqu'un qui cuisine et qui fait le ménage pour moi, ce que je ne pourrais jamais me payer en Europe. Bref, c'est matière pour une discussion plus longue….)
Karisimbi Business Partners et mon petit syndrome d'imposteur
L'autre chose qui m'a pas mal occupé pendant ce mois de novembre est mon boulot chez Karisimbi Business Partners, où j'ai donc commencé à temps plein. 
Je vous disais la dernière fois que j'étais soulagée, parce que ça me faisait une rentrée d'argent régulière. Néanmoins, ça s'accompagne d'un changement de rythme et d'un stress que je n'avais pas prévu, notamment parce que Karisimbi compte beaucoup sur mon moi, parce que je suis plus ou moins la seule manager dans une équipe d'une dizaine de personnes.
Je n'avais pas prévu que cette situation allait me transporter en arrière et que j'allais devoir revivre toutes les émotions négatives que j'avais ressenties au moment où, sans que je le demande, on m'avait promue manager chez Capgemini. Je me souviens très bien pourquoi je ne voulais pas devenir manager - trop de responsabilités, on allait me demander de vendre des projets et je ne me sentais pas assez en phase avec les valeurs de la boîte pour pouvoir le faire, en plus ça allait me rendre beaucoup plus visible.
Mais on m'avait quand même promue, et je suis partie à peu près un an après, à moitié effondrée et en ayant le désagréable sentiment de ne pas avoir été à la hauteur. Et c'est donc ce sentiment qui m'a rattrapée ici, à des milliers de kilomètres de Paris, et je me suis rendue compte que je suis en train de développer un beau syndrome de l'imposteur.
Vous connaissez sans doute ce syndrome, qui est apparemment très répandu et qui consiste à penser qu'on n'a pas vraiment mérité ce qu'on a atteint sur le plan professionnel, que c'est le fruit des circonstances extérieures (la chance, des relations, des circonstances particulières, un travail acharné, etc) et que l'on ne tardera pas à être démasqué.
Dans mon cas, sous l'influence de ces émotions liées à mon dernier passage manager, j'étais sûre que l'histoire allait se répéter, qu'on allait enfin découvrir que je n'y comprenais rien à ce métier, que mes recommandations en tenaient pas debout parce que je n'y connaissais rien en business, que j'étais incapable de manager un projet, de gérer une équipe, de structurer un livrable, de gérer le client, etc, etc.
Je m'en voulais terriblement de ressentir ça, alors que la situation actuelle est très différente de celle d'il y a 3 ans. Il faut que vous compreniez qu'il n'y a pas de meilleur endroit pour moi d'être manager que chez Karisimbi, qui n'a absolument rien à voir avec Capgemini - c'est une boîte petite, avec un objectif social clairement porté, il n'y a pas d'hiérarchie très formelle, les gens sont ouverts et se font confiance, et il n'y a pas vraiment d'esprit de compétition.
Heureusement, au bout de trois semaines très désagréables, je me suis rendue compte que j'avais le droit de me sentir comme ça, mais surtout que j'avais le droit de ne pas être prisonnière de ce sentiment, et que je pouvais me comporter différemment cette fois-ci - et notamment demander de l'aide.
Et c'est un fait que j'ai besoin d'aide, malgré toute mon expérience et mon statut de manager - je ne sais pas comment structurer un plan stratégique à 5 ans pour un fournisseur d'accès internet rwandais, je ne sais pas comment correctement évaluer le marché de microfinance au Rwanda, je n'ai aucune idée de comment fonctionne le marché de gros de légumes ici (enfin ni ailleurs, en fait), je ne sais pas comment gérer une équipe composée des personnes qui n'ont pas eu de formation formelle en conseil. Mais tout ça n'est pas grave, parce que je peux demander de l'aide, sans que ça soit perçu comme un échec et sans que mon autorité de manager en soit sapée.
Bref, je ne vais pas m'éteindre plus sur ça, mais il me tenait à coeur de vous le partager, parce que je pense que c'est très fréquent : je pense que toute personne qui a une estime de soi pas très solide, qui est un peu perfectionniste et qui a l'habitude de se remettre en cause, ressent de temps en temps des émotions semblables.
Et donc, un petit conseil si vous êtes comme moi… n'ayez pas honte de sentir que vous ne méritez pas, mais ne restez surtout pas prisonnier de ce sentiment ! Sortez de votre tête (parce qu'en général ces choses-là sont dans votre tête), allez chercher de l'aide et arrêtez de penser que vous avez un devoir de tout savoir ! Les gens (bien intentionnés) sont en général assez compréhensifs et ravis de pouvoir aider.
On a lancé le premier livre personnalisé rwandais
Après ce pavé de texte, voici une nouvelle un peu plus légère et positive - on a enfin sorti le bouquin personnalisé rwandais ! Ca a pris environ un an, mais il est là, tout propre et tout beau… enfin il y en a environ 500 pour être exacte, et ils sont tous chez moi, puisque c'est moi qui imprime le texte personnalisé sur les illustrations. On les vend en kinyarwanda, en anglais et en français et c'est un succès, à en juger d'après les premières réactions !
Donc si vous avez envie d'avoir un petit livre personnalisé africain (et si vous avez moins de 6 ans ;)), n'hésitez pas à me dire ! (Sinon il y a toujours les livres français, dont je m'occupe encore jusqu'à la fin de l'année.)
D'autres nouvelles
C'est encore la saison de pluies mais je ne vais pas vous ennuyer en vous racontant à quel point ça me fatigue et comment j'ai envie de dormir tout le temps :).
Je vous dirai plutôt qu'hier je suis allée au marché de Noël allemand (oui oui, allemand, avec de vrais Allemands) et que j'ai bu du vin chaud, pour la première fois après une éternité et que ça m'a fait du bien, même si le froid et la neige manquaient un peu.
Voilà la preuve qu'on peut boire du vin chaud ici, même sous un soleil ardent (ou sous une pluie torrentielle, c'est au choix en ce moment).
Et en parlant de la saison de pluies, une amie a dessiné ça... je trouve que ça résume bien la situation, à une différence près: chez nous les fuites ne viennent pas du toit mais de la fenêtre qui ferme mal :)
Et sur ce, je vous laisse, il me reste un tome de Harry Potter à finir (petite pensée pour Tarek, qui m'avait convaincue d'acheter une Kobo et qui ne serait sans doute pas content de mes choix littéraires ;))

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